Il est une vallée de collines rebondies et de vergers généreux, peuplée de vaches au pis lourd, de gens débonnaires, de fermes croquignolles et de trains langoureux. On y mange du fromage vif aux papilles, de la tarte au riz, des macarons, du sirop noir et de la charcutaille qui te fait une couche-canard pour l'hiver. Avec du beurre et des pistolets. On y boit un cidre doux et de la bière de l'Abbaye. Au printemps on cueille la cardamine, la pensée calamine, on souffle sur les pissenlits (fais un voeu!), l'été ya les labyrinthes de foin. A l'automne avec les feuilles ça va tourner les carrousels et courir les bestiaux de la Foire aux noix. Et l'hiver c'estô fini? Nenni séés! A carnaval, c'est chars, fanfares, à boire et la rue en pétard! Mais où se trouve donc cette vallée des merveilles où le bon-vivant semble encore pousser à l'état naturel? Aaah! Mieux cachée qu'un trou normand, cette petite contrée paisible s'épanouit quelque part à l'ombre de trois frontières, entre Allemagne, Belgique et Pays-Bas.
Et ce pays-là... c'est chez moi! Ou plutôt, là où la plupart de mes ancêtres ont planté leurs racines. Et quand on devient papillon comme moi, à virevoleter de villes en villes, de pays en pays... qu'il est bon de retrouver le paysage où on a grandi! Dans le creuset de mes cultures, le terreau de mes futurs, l'arbre de toutes ces vies qui m'ont portée, quand je n'étais encore qu'un petite chenille enveloppée dans les feuilles volantes de l'Histoire...
Et voilà que... "le hasard de la vie" me permet de revenir sur ces traces un temps oubliées, à l'occasion d'une balade contée à vélo.
Vous voulez être de l'aventure?
Rendez-vous le dimanche 21 juin à Welkenraedt.
=> plus d'infos auprès du Centre culturel http://www.forumdespyramides.be/
En attendant, pour les curieux les absents et les cosmonautes, je vous fais part de mes explorations préparatoires...
En commençant par un repérage du terrain avec un autre Fanjo (local) de la bicyclette... dont certains yeux aguerris auront peut-être deviné le lien de parenté. La brume accompagnait nos premiers roulis, comme pour ne dévoiler que lentement ses mystères, comme pour nous dire dans un souffle d'ouvrir plus grand les narines, plus grand les yeux, plus grand le coeur... Sur ces chemins centenaires où mes aïeuls paysans conduisaient leurs troupeaux, où les mineurs plongeaient au détour d'une colline dans les profondeurs de la terre, où seuls les cris des animaux répondaient aux craquements des roues de chariot de charrue et de vélo...
Ce qu'on a vu? Je ne vous le dirai pas encore. Pas tout de suite. Par contre, ce que je peux vous avouer sans détours, c'est que le paysage doux et tendre de mon enfance, endolori par des blessures nouvelles, nous a poussés à tendre l'oreille, à rechercher les vestiges de toutes les mémoires vives...
